L’exemple d’un petit Bouvier bernois amené au cabinet cette semaine rappelle douloureusement l’actualité des usines à chiots en Wallonie et en Europe ! À Blaton, une de ces « fermes d’élevage » a récemment défrayé la chronique: 365 chiots avec seulement trois personnes pour s’en occuper. Au total, ces éleveurs commerçants peuvent vendre jusqu’à 2.000 chiots par an (!) dont la plupart viennent des pays d’Europe de l’Est. Et ils arrivent avec un cortège de soucis: défaut de vaccination, maladies, sevrages précoces et on en passe…
Tout récemment, le Gouvernement de Wallonie a posé la première pierre d’une législation beaucoup plus stricte en matière d’élevage d’animaux. Le futur arrêté concerne les conditions d’agrément des établissements pour animaux ainsi que leurs conditions de détention et de commercialisation. Avec des mesures fortes! Le gouvernement va limiter le nombre de portées par femelle reproductrice. Il va (enfin!) fixer un âge minimum et maximum pour les gestations. On parle également d’augmenter le temps consacré aux soins et à la socialisation des chiens et des chats. Ouf, il était temps !
La ministre veut fermer les usines à chiots
Notons que pour Céline Tellier, Ministre du Bien-être Animal, c’était une priorité : « Je suis encore trop souvent interpellée par des citoyen.ne.s qui ont eu des expériences très négatives avec certains commerçants concernant des chiots en mauvaise santé. Parce que non-vaccinés ou trop jeunes, par exemple. Ou avec des chiennes reproductrices épuisées. Ces pratiques sont inacceptables. Nous allons revoir les conditions de détention et de commercialisation des animaux pour améliorer leur santé et leur bien-être, c’est indispensable. On ne peut pas traiter nos animaux comme de vulgaires biens de consommation ! Nous voulons aussi soutenir davantage les éleveurs qui font un travail de qualité dans notre région. »

Qu’est-ce qui va changer dans les élevages de chiens et de chats, les pensions, refuges et établissements commerciaux ?
- Revoir à la hausse les normes minimales de détention, par exemple en doublant les les surfaces minimales pour les chiens et les chats. Les animaux ne pourront plus être détenus seuls, sauf contre-indication vétérinaire. Le projet d’arrêté prévoir qu’ils puissent bénéficier de la présence d’un autre animal.
- Une formation sera obligatoire pour les gestionnaires des établissements, ou au moins un membre de leur personnel.
- Le projet de texte prévoit également de renforcer l’information disponible pour le candidat-acquéreur . Ils devront remplir un questionnaire avant d’acquérir un animal.
- En ce qui concerne les refuges, le projet de texte encadrera le recours à des familles d’accueil (notamment pour des chatons) avec un modèle de convention.
- Les dispositions renforceront le rôle du vétérinaire-contrat.
- En ce qui concerne la gestion des élevages de chiens ou de chats, le projet d’arrêté propose également de limiter le nombre de portées par femelle reproductrice. Le gouvernement fixera un âge minimum et maximum pour les gestations. Le temps consacré aux soins et à la socialisation des chiens et des chats sera augmenté.
- La Ministre a proposé différentes mesures pour limiter l’importation de chiots, dont la suppression du statut d’éleveur-commerçant.
Enfin, l’objectif est clair: aider les éleveurs de qualité en Wallonie à lutter contre la concurrence de ces usines à chiots qui revendent des animaux issus d’élevages étrangers, élevés et importés dans des conditions défavorables pour le bien-être des animaux. Prochaine étape: discuter de ce projet d’arrêté avec le Conseil Wallon du Bien-être des Animaux. Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de son évolution.
Et le petit Bouvier bernois va bien, fort heureusement…